Raven se laissa tomber sur son lit en soupirant, éreintée. Les cours avaient commencé aujourd'hui, et s'étaient révélés plus ardus que prévu. Elle qui pensait qu'elle serait avantagée par l'entraînement que son père lui avait prodigué avant de mourir avait été grandement déçue. La première journée n'avait comporté que des cours théoriques, intéressants, certes, mais demandant sans cesse une attention énorme. Elle sentait déjà la migraine pointer le bout de son nez, mais l'ignora. Si elle craquait dès le premier jour, elle n'allait pas faire long feu ici. Et elle voulait vraiment réussir. Ses raisons étaient probablement très différentes de celles des autres étudiants (enfin, ceux qui avaient acceptés la nouvelle et le fait qu'ils allaient devenir espions. Beaucoup semblaient décidés à ignorer ce qu'ils avaient appris deux jours plus tôt et à se concentrer uniquement sur la musique.), mais tant pis. Elle n'en avait qu'une motivation plus forte.

Se redressant à moitié, elle attrappa le sac à dos qui traînait sur le sol à côté du lit et en tira une photo qu'elle contempla pendant un long moment. Oui, elle avait une motivation plus que forte pour relever tous les défis que ces "études" allaient lui présenter.

D'un geste brusque, elle rangea la photo dans le sac et attrappa son ocarina. Après tout, elle était aussi là pour faire de la musique, non?

Elle se mit à en jouer doucement, pour ne pas déranger les filles de la chambre d'à côté (Tania, Claire et Ciara-June). Ses colocataires n'étaient pas encore revenue du réfectoire. Durant les deux jours qui s'étaient écoulés depuis son arrivée ici, elle ne les avait pas beaucoup vues. En faite, la plupart des élèves s'étaient isolés durant le week-end pour réfléchir à ce qu'ils venaient d'apprendre sur le but réel de cette école. Elle n'avait fait que croiser Ezra et Autumn durant ces deux jours, et si elles suivaient les mêmes cours, les professeurs avaient clairement fait connaître leur avis sur les bavardages inutiles, décourageant les conversations. Raven n'avait aucune envie de se mettre ses professeurs à dos dès le premier jour. Non, elle allait être une élève modèle pendant... mh... allez, une semaine. Ensuite, Riverdale allait avoir un apperçu de la "vraie" Raven Sitala Leiland-Jones - enfin, la "vraie"... un minuscule aspect de la "vraie" Raven...

Elle interrompit sa musique lorsqu'elle entendit des bruits de pas dans le couloir. Avec un peu de chance, elle allait enfin avoir l'occasion de faire la connaissance de ses colocataires...

Autumn sortait du réfectoire en marchant lentement. Ses pas légers s’écrasant sur le sol à la vitesse des pattes d’une tortue. Elle n’avait pas beaucoup mangé, mais n’avait pas faim non plus. Depuis l’annonce, qu’avait faite le directeur deux jours auparavant, elle avait longuement médité. La légère brise qui secouait les feuilles pendues aux arbres fit s’envoler quelques-uns de ses cheveux et lui procura un peu de fraîcheur. Ses yeux scrutaient l’herbe alentour, tandis que ses jambes continuaient leur perpétuel et régulier mouvement. D’autres élèves sortaient du réfectoire à sa suite, en parlant de leur projet, s’ils allaient ou non devenir des espions confirmés ou préféré se concentrer sur la musique. Pour Autumn son choix était fait. Elle ne voulait pas devenir une agente secrète. Elle le devait. Pour papa…songea-t-elle. Oui, elle devait venger son père, et elle ferait tout pour y parvenir. Les voix du groupe d’étudiants derrière elle, se firent distantes, presque inaudible. La jeune femme avait, sans s’en apercevoir, accélérer le pas. Elle se trouvait désormais sur le seuil de son dortoir, prête à passer la porte. Chambre deux, Autumn, la chambre numéro deux. Elle n’avait pas vu ses colocataires depuis l’entrée à Riverdale Camp, et n’avait d’ailleurs pas l’occasion de se présenter. Elle ne connaissait que leurs prénoms, l’une se nommait Ezra et la seconde Raven. La blonde, se dit qu’elles se lieraient peut-être d’amitié, elle ne se voit pas passer encore des années d’études sans parler à personne ni en cours ni en dehors. Autumn est humaine après tout, elle a également droit à une vie sociale. La porte était là, devant elle. Dans le couloir elle avait entendu une douce mélodie, qui provenait de la chambre, ce devait être une de ses colocataires. Elle frôla la poignée, hésita un instant, puis se décida à ouvrir.

Sur le lit, une jeune femme, aux yeux marron-chocolat, tenait un ocarina en main. Raven. La jeune femme lui sourit, et commença d’une voix douce :

« Bonjour, on a pas eu vraiment le temps de faire connaissance, moi c’est Autumn. »


(Un peu plat, j'avoue...^^')

« Bonjour, on a pas eu vraiment le temps de faire connaissance, moi c’est Autumn. »

Raven leva les yeux de son instrument et détailla la jeune femme qui venait d'entrer. Un peu plus âgée qu'elle (Raven lui donnait vingt ans), elle avait de longs cheveux blonds et des yeux d'un bleu impressionnant. Elle lui souriait, et l'amérindienne ne put s'empêcher de constater que c'était la première personne, depuis son arrivée à Riverdale, à lui adresser un sourire sincère. Les autres étaient trop préoccupés par leurs propres pensées, par leur propre colère de s'être fait pièger ainsi, ou par leur excitation à devenir une sorte de James Bond ou de Totally Spies juniors. Personellement, après avoir lu les Alex Rider, elle était plus sceptique par rapport au côté "glamour" de son nouveau job, mais bon... Toujours était-il que, du coup, l'ambiance entre les élèves était encore relativement tendue, et qu'Autumn (puisque c'est ainsi que sa colocataire avait dit se nommer) était la première à briser la glace.

Raven lui rendit son sourire, et, pour la première fois depuis longtemps, il était sincère pour quelqu'un d'autre que sa famille. C'était un petit sourire, un peu hésitant c'est vrai, mais c'était un VRAI sourire. De ce qu'elle n'avait donné que récemment ces dernières années. Depuis la mort de sa mère, seuls son frère et sa soeur, et parfois ses grands-parents, avaient eu droit à un vrai sourire de sa part. Aux autres elle offrait un sourire narquois, parfois amusé, parfois sadique, mais jamais un sourire sincère n'avait étiré ses lèvres pour eux. Sauf pour Chris. Mais Chris était l'exception qui confirmait la règle, et il ne fallait pas qu'elle pense à Chris maintenant ou elle allait avoir le cafard.

- Enchantée! Moi c'est Raven!

Elle posa l'occarina sur sa table de chevet, et retint une volée de jurons quand elle manqua de faire tomber le radio-réveil qui s'y trouvait déjà.

- Ahem. Je disais donc, moi c'est Raven, Raven Leiland-Jones.

Puis, comme elle ne savait pas trop quoi dire et que, après tout, c'était une école de musique, et qu'elle ne savait pas quel était l'instrument de prédilection de la blonde, elle ajouta:

- Tu joues de quel instrument?

Raven lui avait rendu un sourire des plus sincères. Ses yeux fixaient Autumn, qui admirait tout autant les siens, comme perdu dans un océan de chocolat. Les cheveux foncés de l’Amérindienne, c’était l’unique information qu’elle avait eu d’elle auparavant, étaient lissées et retombaient avec grâce sur ses épaules.

« Enchantée ! Moi c’est Raven !

C’était donc elle, Raven, les deux jeunes femmes étaient dorénavant colocataires. Elle a l’air plus jeune que moi, mais certainement de peu d’années. Cogita Autumn. La première impression était plutôt bonne, Raven avait l’air gentille, et ne paraissait pas aussi susceptible que certains, qui en ce moment même, soupirent à l’idée de devenir espion. La blonde posa son sac à terre et croisa les pieds, tandis que sa locutrice posait son instrument sur le chevet, près du réveil. Puis elle pris la parole :

- Ahem. Je disais donc, moi c'est Raven, Raven Leiland-Jones. Tu joues de quel instrument?

- Du piano, mais je m’essaie à la guitare…

Tout en lui répondant, elle déboutonna sa veste, et s’assit sur ce qui devait être le lit d’Ezra, puisque le sien était de l’autre côté. Un matelas moelleux et confortable, comme tous ici. Autumn observais la pièce, elle ne l’avait pas fait jusqu’à maintenant, elle n’en avait pas vraiment l’opportunité. Un silence de plomb commençait à s’installer, puis ses iris s’attardèrent sur l’instrument que Raven avait tenu entre ses mains. Un ocarina, un petit instrument à vent, souvent en bois, parfois même en porcelaine.

-Tu sais jouer de l’ocarina ? Tu es bien la seule que je connaisse, alors. »

- Du piano, mais je m’essaie à la guitare…

Tout en parlant, la nouvelle arrivante avait déboutonnée sa veste et s'était assise sur le lit que Raven savait appartenir à Ezra. Elle observait la chambre, et le silence qui s'ensuivit pesait sur Raven. Elle s'apprêtait d'ailleurs à le briser quand Autumn repéra son ocarina.

-Tu sais jouer de l’ocarina ? Tu es bien la seule que je connaisse, alors. »

Raven adorait son occarina. Il était en bois blanc, parsemés de petits signes tribaux. C'était le dernier cadeau d'anniversaire qu'elle avait eu de ses parents, deux jours avant la mort de son père, quelques mois avant celle de sa mère. Elle savait que très peu de personnes en jouaient, mais elle avait été fascinée par cet instrument depuis que, toute petite, elle avait vu le Capitaine Albator en offrir un à Stella dans un dessin animé. Elle en avait eu un pour ses six ans, mais il s'était cassé quand elle en avait eu onze et elle avait été inconsolable.
Mais celui-ci, ce dernier cadeau de ses parents, ne se briserait jamais, elle l'avait juré, et elle en prenait grand soin.

Elle eut un petit rire qui s'éleva, cristallin, dans la chambre.

- Tu n'es pas la première à me le dire! Mais j'aime cet instrument. Il a un son assez nostalgique comme ça...

Sa voix se perdit un moment alors qu'elle repensait aux soirées qu'elle avait passées avec son père à apprendre comment jouer de ce drôle d'instrument. Se rendant compte qu'elle risquait de se perdre dans ses souvenirs, elle secoua la tête pour chasser ses idées noires.

- Mais je joue aussi du piano et de la guitare, comme tu peux le constater!

Elle désigna du doigt l'étui à guitare posée contre le mur à côté de son lit, et le synthé qu'elle n'avait pas encore sorti de sa caisse et qui était pour l'instant rangé sous son lit.

- Je préfère jouer sur un vrai piano, mais un synthé est plus facile à transporter, avoua-t-elle. Tu en fais depuis longtemps? Et si tu veux, pour la guitare, je peux t'aider de temps à autres!

Elle espèrait qu'Autumn n'allait pas se vexer qu'elle se propose de l'aider. Cela faisait longtemps qu'elle n'avait plus eu l'occasion de faire des duos, que ce soit au piano ou a la guitare (ne parlons même pas de l'ocarina!)...

Raven avait baissé les yeux. Puis, en relevant la tête, elle eut un petit rire

« - Tu n'es pas la première à me le dire! Mais j'aime cet instrument. Il a un son assez nostalgique comme ça... Mais je joue aussi du piano et de la guitare, comme tu peux le constater!

Elle avait désigné un étui de guitare, à côté de son lit, le synthétiseur était en-dessous. Pendant quelques secondes, l’Amérindienne avait l’air perdue dans ses pensées, puis elle se ressaisit et demanda à Autumn :

- Je préfère jouer sur un vrai piano, mais un synthé est plus facile à transporter, avoua-t-elle. Tu en fais depuis longtemps? Et si tu veux, pour la guitare, je peux t'aider de temps à autres!

Son ton affirmait sa sincérité. C’était bien la première personne à proposer de l’aide à Autumn. D’ailleurs, elle affichait un sourire radieux à cette idée. Finalement, elles avaient toutes les deux quelques points communs.

-Je serais ravi, merci de t’être proposé. Eh, tu as raison, un piano, c’est pas si simple à ranger sous un lit…

La blonde eut un éclat de rire, très bref. Puis, elle aussi replongea dans ses souvenirs, lorsque son tendre père s’asseyait à côté d’elle, et qu’il jouait tous les deux un morceau, en appuyant avec légèreté sur les touches d’ivoires. La plus âgée songea alors qu’elle n’avait pas répondu à la seconde question que Raven venait de lui poser.

-Je fais du piano depuis mes six ans…J’ai appris à en jouer avec mon père…répondit-elle, nostalgique. Que….que penses-tu de cette…. ‘opportunité’ de devenir des…agents secrets ? »

Ça y est. On venait au sujet de conversation de tous en ce moment, à vrai dire Autumn n’avait pas tellement envie d’aborder le sujet, mais repenser à son père, lui faisait également penser qu’elle devait le venger. Elle espérait qu’en la mettant sur le sujet, Raven pourrait comprendre et l’écouter, peut-être même qu’elle partagerait son opinion.

-Je serais ravi, merci de t’être proposé. Eh, tu as raison, un piano, c’est pas si simple à ranger sous un lit…

Raven retint un soupir de soulagement. Ouf, Autumn ne s'était pas vexée, et si le sourire lumineux qu'elle lui adressait était un indice, elle semblait même plutôt contente de la proposition. Elle rit avec la blonde de la remarque sur le piano. Elle aimait bien le rire d'Autumn, même s'il avait été bref. Il était sincère.
Raven, du peu qu'elle avait appercu, commençait à se dire qu'elle allait bien s'entendre avec Autumn. Ce qui était d'ailleurs une bonne chose - partager une chambre avec une fille qu'elle ne pouvait pas sentir? Très peu pour elle!
Elle remarqua que sa colocataire s'était plongée dans ses pensées, et que ses yeux bleus réflètaient une intense tristesse. Une tristesse qui, elle le savait, envahissait son regard à elle chaque fois qu'elle pensait à ses parents.

Aurait-elle, comme moi, appris à jouer d'un instrument avec une personne aujourd'hui décédée?

Mais déjà, la blonde s'était ressaisie et répondait à la deuxième question que Raven avait posé - et en posait une nouvelle, plus ardue.

-Je fais du piano depuis mes six ans…J’ai appris à en jouer avec mon père…répondit-elle, nostalgique. Que….que penses-tu de cette…. ‘opportunité’ de devenir des…agents secrets ? »

La manière dont elle évoquait son père conforta Raven dans ses suppositions - le père d'Autumn, comme le sien, était probablement mort.

La deuxième question était plus dure à répondre, et Raven prit quelques minutes pour pondérer sa réponse.
Elle était IN, certes, mais pas pour les raisons que tout le monde croyait, et elle avait peur de dévoiler son jeu trop vite. D'un autre côté, quelque chose lui disait que, de toutes les personnes se trouvant actuellement à Riverdale, Autumn était probablement une des seules qui pourrait comprendre ses motivations... Dans le doute, elle décida de tendre une perche à la jeune femme et de voir si elle allait la saisir.

- Tu veux parler de ces deux groupes qui commencent à se former? Les IN, et les OUT? Ceux qui, quand ils entendent le mot espion pensent à James Bond ou aux Totally Spies? Ceux qui refusent et qui se focalisent sur la musique, parce qu'ils sont conscients des revers de la médaille?

Elle fit une pause, organisa ses idées et reprit.

- Je ne pense pas que la vie d'espionne soit toute rose, au contraire. J'ai lu les Alex RIder, et ca a beau être de la fiction, c'est parfaitement plausible que l'on se retrouve dans des situations difficiles, et qu'on y laisse notre peau. Ceci dit, mon père était un Marines. Un vrai. Servir son pays, se mettre en première ligne pour protéger ceux qui restent derrière, c'est quelque chose que je peux comprendre. D'un autre côté, j'ai un frère de onze ans et une soeur de six ans. Qui va les protèger si il m'arrivait quelque chose? Mes grands-parents sont géniaux, certes, mais ont 74 et 82 ans. Ils ne seront pas toujours là pour s'occuper d'eux.

Un silence, encore. Si Autumn était intelligente, ce dont Raven ne doutait pas, elle aurait noté l'abscence de référence à sa mère.

- Mais je garde à l'esprit que cette... formation peut m'apprendre beaucoup de choses, et présente des... opportunités idéales et qu'elle nous offre des moyens incommensurables pour faire ce que l'on a à faire. Donc oui, je suis IN... pour l'instant. Je me réserve le droit de changer d'avis si certaines choses se produisaient...

Autumn avait attendu la réponse de sa locutrice, en espérant qu’elles aient la même idée en tête. La blonde avait l’impression que le courant allait passer entre elle.

- Tu veux parler de ces deux groupes qui commencent à se former? Les IN, et les OUT? Ceux qui, quand ils entendent le mot espion pensent à James Bond ou aux Totally Spies? Ceux qui refusent et qui se focalisent sur la musique, parce qu'ils sont conscients des revers de la médaille?

Raven fit une pause.

-Je ne pense pas que la vie d'espionne soit toute rose, au contraire. J'ai lu les Alex Rider, et ça a beau être de la fiction, c'est parfaitement plausible que l'on se retrouve dans des situations difficiles, et qu'on y laisse notre peau. Ceci dit, mon père était un Marines. Un vrai. Servir son pays, se mettre en première ligne pour protéger ceux qui restent derrière, c'est quelque chose que je peux comprendre. D'un autre côté, j'ai un frère de onze ans et une soeur de six ans. Qui va les protèger si il m'arrivait quelque chose? Mes grands-parents sont géniaux, certes, mais ont 74 et 82 ans. Ils ne seront pas toujours là pour s'occuper d'eux.

Elle s’arrêta encore une fois. Autumn remarqua qu’elle n’avait pas cité sa mère.

- Mais je garde à l'esprit que cette... formation peut m'apprendre beaucoup de choses, et présente des... opportunités idéales et qu'elle nous offre des moyens incommensurables pour faire ce que l'on a à faire. Donc oui, je suis IN... pour l'instant. Je me réserve le droit de changer d'avis si certaines choses se produisaient...

Autumn l’avait écouté sans broncher durant toute sa tirade. Il est vrai qu’elle n’avait qu’un frère qu’elle haïssait et sa mère s’en sortait très bien, elle pouvait donc accepter que Raven veuille protéger sa famille, elle a la chance d’en avoir une.

- Moi aussi je suis IN. Et je compte bien le rester. Il le faut…marmonna-t-elle. Ce n’est pas pour la montée d’adrénaline, ni pour être reconnue comme une super espionne, loin de là, mais si on a été choisi à Riverdale Camp, sans avoir envoyé notre dossier d’inscription, il doit bien y avoir une raison concrète, non ?

L’Amérindienne acquiesça d’un hochement de tête.

- Et puis…Mon père n’était pas un Marines comme le tient. Il travaillait dans une boîte anglaise. Malgré tout, je me dois de suivre cette formation. Il a été assassiné. Je l’ai vu de mes propres yeux et je n’ai rien fais. Je n’ai pas réagis. Aucun réflexe. Mais je veux le….je ne veux plus que cela se produise, je ne veux plus être planté là, comme un pot de fleur, tandis que des personnes que j’aime souffre ou se font tuer. Je déteste le sentiment d’être inefficace.

Autumn espérait que Raven comprendrait. Certes, la raison pour laquelle elle voulait suivre cette formation, était quelque peu égoïste. Mais elle est une humaine, après tout. Après avoir terminé son discours, Autumn se tut en attendant la réponse de sa colocataire.

- Moi aussi je suis IN. Et je compte bien le rester. Il le faut…marmonna Autumn. Ce n’est pas pour la montée d’adrénaline, ni pour être reconnue comme une super espionne, loin de là, mais si on a été choisi à Riverdale Camp, sans avoir envoyé notre dossier d’inscription, il doit bien y avoir une raison concrète, non ?

L’Amérindienne acquiesça d’un hochement de tête. C'était vrai. Même si elle ignorait comment ils avaient fait pour le découvrir, elle savait pourquoi elle avait été choisie. Elle remplissait tous les critères : sportive, savait se défendre, savait se battre (grâce à son père), elle avait un lien très fort avec sa patrie (grâce à son père, encore), elle avait une mémoire photographique... Autant de raisons qui les avaient probablement conduits à lui envoyer cette lettre.
Mais déjà Autumn continuait.

- Et puis…Mon père n’était pas un Marines comme le tient. Il travaillait dans une boîte anglaise. Malgré tout, je me dois de suivre cette formation. Il a été assassiné. Je l’ai vu de mes propres yeux et je n’ai rien fais. Je n’ai pas réagis. Aucun réflexe. Mais je veux le….je ne veux plus que cela se produise, je ne veux plus être planté là, comme un pot de fleur, tandis que des personnes que j’aime souffre ou se font tuer. Je déteste le sentiment d’être inefficace.

Raven se surprit à acquiescer. Oui, elle comprenait. Elle était probablement de celles qui pouvaient vraiment comprendre ce que ressentait la blonde. "Mais je veux le... " Le venger, très probablement. Comme elle voulait venger sa mère, Autumn voulait venger son père. Elle comprenait.
Elle aurait voulu tout dire à Autumn, lui parler de sa mère, de son père, de cet accident de voiture qui n'en était pas un, des impacts de balles, de la vengeance qu'elle rêvait d'accomplir depuis novembre 2005.
Elle aurait voulu lui dire tout ca, et plus. Elle aurait voulu lui dire qu'elle ne resterait ici que le temps d'apprendre ce qui lui serait nécessaire pour traquer et éliminer ceux qui avaient tués Anaba Jones.
Mais elle ne dit rien.

Elle ne dit rien parce qu'elle n'est pas bête, et parce qu'il est plus que probable que des micros soient dissimulés dans leur chambre pour s'assurer que personne ne trahirait les secrets de Riverdale et qu'elle ne veut pas dévoiler son jeu à ceux qui tirent les ficelles de cet établissement.

Alors elle acquiesce, et elle se penche vers son sac et en sort une photo qu'elle tend à Autumn.

C'est une vielle photo, prise à la naissance de Meghan, quelques mois après la mort de son père. Dessus, on la voit elle, âgée de douze ans à peine, tenir fièrement sa petite soeur dans ses bras, assise sur un canapé, Will à ses côtés, se tordant le cou pour pouvoir appercevoir sa nouvelle soeur. A sa droite, Anaba Jones est assise. Ses courts cheveux, qui sont blancs à cause d'un cancer qu'elle a eu quand elle était enfant, encadrent son visage naturellement hâlé, teint qu'elle a hérité de ses parents. Raven, elle, a plutôt hérité du teint pâle de son père.

Elle tend la photo à Autumn, et en la lui tendant, son index pointe discrètement la jeune femme aux cheveux blancs.

- Je vois ce que tu veux dire... Quand mon père a été tué en Irak, j'avais douze ans et je n'ai rien pu faire. Je n'arrêtais pas de me dire "Si je n'avais pas autant insisté pour qu'il soit rentré à noël, peut-être qu'il aurait pu rentrer pour mon anniversaire et il n'aurait pas été là...". Quand ma mère est morte, en novembre de la même année, dans un accident de voiture, je me suis dit "Si j'avais été là, j'aurais vu arriver la voiture en face, on aurait pu l'éviter..." Je n'ai jamais vraiment su ce qui s'est passé ce jour-là... grand-mère ne voulait pas trop en parler, mais les nouvelles circulent vite et j'ai cru comprendre que le conducteur qui lui est rentré dedans était saoûle...

Elle espèrait qu'Autumn comprenne ce qu'elle cherchait à lui dire, elle l'espèrait vraiment. Ce serait rassurant de savoir qu'elle n'était pas seule dans cette galère, que d'autres qu'elle avaient rejoints le groupe des "IN" pour les mêmes raisons qu'elle...

Raven me tendit une photo, de sa famille. Au centre, ce devait être Raven qui tenait une petite fille dans ses bras, à côté d’elle un petit garçon qui doit être son père et une jeune femme aux cheveux blancs et aux traits fins. Autumn pris la photo en main et esquissa un sourire. Qu’est-ce qu’il devait être bon de vivre en famille. L’Amérindienne était dans la même situation qu’elle. Elles avaient toutes les deux connues une vie géniales avec de adorables parents, une véritable famille mais un chamboulement a marqué leurs vies. Oui, elles n’étaient pas si différentes l’une de l’autre. Elle redonna la photo à son amie, en tout cas, la blonde la considérait déjà comme tel, après l’avoir longuement fixé. Raven repris :

- Je vois ce que tu veux dire... Quand mon père a été tué en Irak, j'avais douze ans et je n'ai rien pu faire. Je n'arrêtais pas de me dire "Si je n'avais pas autant insisté pour qu'il soit rentré à noël, peut-être qu'il aurait pu rentrer pour mon anniversaire et il n'aurait pas été là...". Quand ma mère est morte, en novembre de la même année, dans un accident de voiture, je me suis dit "Si j'avais été là, j'aurais vu arriver la voiture en face, on aurait pu l'éviter..." Je n'ai jamais vraiment su ce qui s'est passé ce jour-là... grand-mère ne voulait pas trop en parler, mais les nouvelles circulent vite et j'ai cru comprendre que le conducteur qui lui est rentré dedans était saoule...

Les yeux d’Autumn s’emplirent de compassion et de tristesse. Puis elle lui répondit :

-J’ai encore une mère, elle vit à Bristol en Angleterre. Malheureusement, la perte de mon père l’a effondré et elle a fait une dépression qui lui a laissé de graves séquelles sur son comportement et son esprit. Malgré tout, je prends tous les jours de ses nouvelles. Je suppose que tu fais de même avec ta famille…

Autumn inspirait profondément tout en regarda ses chaussures. Puis elle continua :

-Quand à mon père, je le porte toujours à mon cœur, malgré qu’il soit absent.

Elle marqua une pause avant de briser à nouveau le silence d’une voix incertaine.

-Nous ne sommes pas tellement différentes, conclut la blonde. Je suis bien contente d’être avec une personne avec qui je m’entends bien et qui me comprends. Hum…à quand la première leçon de guitare ?

Autumn fixa un moment la photo avant de la rendre à Raven, qui la prit et la rangea soigneusement - c'était une photo de sa mère, et la dernière prise avant sa mort. Quand elle prit la parole, Raven discerna une immense tristesse à l'arrière de sa voix.

-J’ai encore une mère, elle vit à Bristol en Angleterre. Malheureusement, la perte de mon père l’a effondré et elle a fait une dépression qui lui a laissé de graves séquelles sur son comportement et son esprit. Malgré tout, je prends tous les jours de ses nouvelles. Je suppose que tu fais de même avec ta famille…

Raven acquiesca. Elle avait appellé sa famille dès que l'avion avait atterri - d'accord, pour engueuler Grand-mère, mais elle avait rappellé tous les jours. Ne pouvant pas leur révéler la véritable formation que dispensait Riverdale Academy, elle leur avait parlé de musique, et uniquement de musique. Mais surtout, elle avait voulu entendre leurs voix. Entendre le ton bourru de Grand-Père quand il lui parlait des dernières bêtises de son frère. La voix excitée de William quand il lui racontait son dernier match de foot - le premier, depuis qu'il avait commencé à jouer, auquel elle n'avait pas pu assister. Entendre Meghan, son petit ange, son rayon de soleil, lui raconter sa journée - et demander quand est-ce que Raven rentrait, parce que sans elle c'était pas pareil et qu'elle lui manquait et que...
Elle avait appellé Chris, aussi, bien sûr. Depuis le parc, là où les autres étudiants, au moins, ne pouvaient pas surprendre leur conversation. Plusieurs heures durant, elle était restée accrochée à son téléphone, et seule la trahison de sa batterie l'avait conduite à mettre fin à la conversation.Et tant pis pour la facture - Grand-mère allait la payer, de toute manière, et si elle s'énervait devant le montant, Raven serait ravie de lui rappeller pourquoi la facture était si élevée.

Elle reporta son attention sur Autumn, qui fixait ses chaussures.

-Quand à mon père, je le porte toujours à mon cœur, malgré qu’il soit absent.

Oui, Raven comprenait. Son père était toujours dans son coeur - litéralement puisqu'elle n'ôtait jamais les dogs tags que le CO de son père lui avait remis le jour de l'enterrement.
Autumn marqua une pause avant de briser à nouveau le silence d’une voix incertaine.

-Nous ne sommes pas tellement différentes... Je suis bien contente d’être avec une personne avec qui je m’entends bien et qui me comprends. Hum…à quand la première leçon de guitare ?

Un énorme sourire apparut sur le visage de l'amérindienne.

- Quand tu veux!

Elle avait envie de sauter au cou de sa colocataire. Non, elles n'étaient pas si différentes, elles étaient plus semblables que ce que les autres pouvaient s'imaginer. Oui, elles se comprenaient, se comprenaient sans doute mieux que n'importe qui d'autre sur le campus ne pouvait les comprendre..
Elle n'était plus seule. Elle n'était plus seule, et ça, c'était quelque chose qu'elle n'avait plus ressentie depuis la mort de sa mère. Will et Meg étaient trop jeunes pour comprendre que la mort de leur mère n'était pas un accident, trop jeunes pour comprendre son obsession à retrouver et à exterminer les meurtriers d'Anaba Jones. Ses grands-parents comprenaient, ils avaient perdus leur fille unique après tout, mais refusaient de la voir se mettre en danger. S'ils savaient que l'académie où ils l'avaient envoyés pour lui changer les idées n'allait faire qu'encourager et qu'aider sa quête... Et Chris... Chris était son ancre, son roc, son confident, son meilleur ami, et, si elle osait prendre le risque, un jour plus que son meilleur ami. Mais même Chris ne pouvait pas comprendre, ne pouvait qu'imaginer la peine que la mort de sa mère, si proche de la mort de son père, pouvait provoquer en elle. Savoir qu'Autumn, elle, comprenait, savait, et ne la prenait pas en pitié... c'était... c'était juste énorme.

Elle réprima son envie de sauter au cou de la blonde, mais se leva néanmoins, s'avança vers sa colocataire et lui tendit la main.

- Je crois, commença-t-elle, son sourire faisant toujours trois fois le tour de son visage,que c'est le début d'une grande amitié.